Il y a bien longtemps, en Croatie,vivait un peuple qui aimait bien jouer au Scrabble. Un jour de grande tempête, un coup de vent monstrueux a fait envoler toutes les voyelles, bien plus légères, chacun le sait, que les consonnes. Et le vent dans sa folie, sema toutes les voyelles sur l’île où nous sommes, et elles se glissèrent sous les cailloux pour avoir moins froid.
Depuis, les habitants de l’île passent leur temps à déplacer les cailloux, à les mettre en tas pour tenter de retrouver leurs voyelles, mais en attendant, ils en manquent cruellement ; ils vivent à Krk, à Vrh, à Vrnbik, à Skrbčiči : ah oui, pour pleurer leurs voyelles, ils mettent des accents sur leurs consonnes.
Mais nous n’avons pas fait que des contes aujourd’hui …
Aujourd’hui, nous avions envisagé de passer la prochaine nuit dans ce même camping « à taille humaine » comme dit le routard, mais la propriétaire n’a pas voulu, pas deux nuits sur cet emplacement ; alors on ira voir ailleurs, après avoir visité cette île extraordinaire !
Commençons par le village de Krk lui-même, niché au bord d’une baie d’autant plus sympathique que le soleil est revenu de façon plus franche. Du coup le bleu ressemble vraiment à celui des affiches et le but essentiel du touriste est bien de vérifier ça ! La Croatie est vraiment un paradis pour les touristes … et pour ceux qui en vivent.
Krk a été occupée par les Romains et par des peuples slaves. La cathédrale réunit trois parties : le clocher à bulbe traditionnel ; une chapelle paléochrétienne et une église romane. En se rapprochant encore de la mer, nous trouvons les fortifications d’un château du Moyen Age qui sert de cadre à des manifestations de plein air. Tout cela forme un ensemble intéressant, tout serré et imbriqué au milieu des maisons, auquel on accède par de charmantes ruelles et qui débouche évidemment sur un port tellement joli.
Nous quittons Krk après déjeuner pour descendre vers Baška. Après une quinzaine de kilomètres perchés à 250m au milieu des champs de cailloux, nous abordons la descente sur une vallée incroyable, très différente de Krk, pour découvrir une station balnéaire, toujours charmante, avec de belles lumières, de jolies plages, et l’île de Prvič en face, toute nue, mais nous n’y trouvons pas guère d’autre intérêt que le phénoménal plaisir d’y descendre … C’est tout de même tout près de là (Jurandvor) qu’on a retrouvé une tablette en glagolitique, le premier alphabet en lettre croates.
Nous rebroussons chemin pour aller voir Vrbnik. Assez spécial, un village délicat côté stationnement, pas de port devant l’église, et pour cause, elle est perchée sur des falaises comme la majeure partie du village. Du coup, l’identité est préservée, les boutiques rares, l’authenticité fait oublier l’état parfois moyen des façades ; les ruelles battent les records de largeur (43 cm sur la photo, eh ! on passssssse !), des jardins potagers lilliputiens s’étagent sous les maisons tout aussi fleuries, on ne sait jamais bien où l’on est ni où l’on va, on chemine, c’est bien.
Nous prenons enfin la route de notre étape du soir, encore sur l’île, prêts à sortir demain matin tôt.
Car nous allons nous remettre aux autoroutes pour rallier Belgrade et entrer après-demain en Bulgarie.
ATTENTION : à partir de demain (Serbie, Bulgarie), nous ne bénéficions plus de l’accord avec notre prestataire téléphonique qui nous permet en Italie et Croatie d’utiliser le téléphone et internet comme en France et sans surcoût ; nous devenons donc tributaires d’un accès Wifi là où nous passons la nuit. Donc, à bientôt, mais on ne sait pas bien quand, ne vous inquiétez pas, vous ne manquerez rien, nous écrivons tous les jours sur le PC !